Huiles

Jacqueline BOURGOIN effectue le difficile reportage d'instants élus emprisonnés dans un univers floral, bucolique, qui gagne en subtilité au gré de chaque étude par lui suscitée, à lui consacrée.

L'image devient support, s'avère prétexte à variations sur un monde intérieur transfusé d'orients latins, de touffeurs de serre.

Promenade au clair d'un secret dans les provinces de l'enfance ? Quête toujours recommencée d'une féerie intérieure ? Qui, sinon Asmodée, Mélusine ou "Gaspard de la nuit" dira l'essentiel de l'oeuvre de cette artiste ?

Sous l'immédiat de bouquets aux éclaboussures brûlantes, dans le moelleux de neiges où battraient des paupières, selon l'apprentissage sorcier de la flore de Giverny ou de parcs infusant le silence de leurs châteaux, l'art de Jacqueline BOURGOIN suggère la rive herbue aux heures inertes de l'après midi, éploie l'oiseau transparent revenu d'Italie l'aile humide de mer, raconte les plénitudes clandestines qu'eût déchiffrées un peintre caché dans le repli de l'être pour explorer les compatibilités du temps et de l'espace, de la forme et de la couleur, de l'immédiat et du réminiscent.

Un jour qu'attentif au rythme des couleurs, j'explorais, tout écoute, une oeuvre de ce peintre, je me rappelais Baudelaire, cette "gratitude infinie et sublime, qui sort de la paupière ainsi qu'un long soupir" qui baigne et vivifie l'oeuvre de Jacqueline BOURGOIN.

Hubert MEDINA
Chargé de Recherche
Diplômé d'Histoire de l'Art